Nous sommes dans les années 1805-1810, les campagnes Napoléoniennes battent leur plein et l'Empereur vole de victoires en victoires.
Eyflamm, alors agé d'une cinquantaine d'années (mais n'en paraissant que 16) s'est enrôlé dans l'armée impériale et y a obtenu ses galons de Capitaine à la force du poignet et de sa science de la tactique (en
partie grâce aux enseignements éclairés de son oncle).
Au début de l'hiver, son régiment fut mis au repos et une permission de plusieurs jours fut accordée à sa compagnie. C'est avec joie que cette nouvelle fut accueillie dans tout le casernement. Cela faisait sept longs mois qu'il n'en avaient eu.
Tard dans l'après-midi, il arriva en vue de Paris. Son cheval écumait de sueur, tant il l'avait poussé. Il était impatient de retrouver la demeure familliale où l'attendait, il le savait bien, la petite Aislinn. C'était sa soeur cadette, et le trésor sur lequel il veillait, avec la bénédiction de leur mère. Celle-ci s'absentait souvent, et parfois ne pouvait emmener la petite avec elle. C'était le cas depuis un an et du fait de son absence à lui aussi, il avait fallu confier la petite aux soins experts de l'intendante et de la nourrice de la maison.
Eyflamm entra dans la ville juste avant la tombée complète de la nuit. A cette heure, la maison devait surement être attablée. Il n'avait eu le temps de prévenir personne, aussi sa venue n'était pas attendue. Il savait cependant que son lit serait prêt, toujours entretenu par le personnel. Il n'avait pas besoin de plus, de toute façon. Il ramenait dans ses bagages ses effets personnel et quelques objets d'art, glânés ici et là, destinés à sa soeur. Il connaissait son goût pour la musique et lui avait trouvé quelques instruments typiques des pays étrangers où il avait été stationné. Et puis une poupée et divers jouets de son âge.
Enfin, il franchit le porche de la cour d'entrée. La nuit était maintenant complète, et les lampadaires peinaient à éclairer les rues. Il vit que le salon était encore eclairé, par les volets ajourés. Un chien aboya, surement un des lévriers de Flora,elle en laissait toujours quand elle partait, "pour veiller sur eux" disait-elle. Il attacha son cheval à l'anneau disposé près de la porte d'entrée, attrapa ses fontes bien remplies et les passa sur son épaule. Puis il gravit les marches et fit sonner la clochette. Après un petit instant d'attente, sous les aboyements du chien, la porte s'ouvrit sur l'Intendante qui le reconnût et s'écria :
- Oh ! Monsieur ...!
Elle ne put finir sa phrase qu'elle fut bousculée par une boule de poils qui manqua la renverser et qui se jeta sur Eyflamm .... pour lui faire la fête !