Les Cuisines

Ce matin-là, Eyflamm rentrait de l'une de ses nombreuses excursions matutinales qui l'avait amené sur une plage, au pied du kolvir, d'où il avait pu admirer le lever du soleil. Ce spectacle l'emmerveillait toujours et il ne se lassait pas d'y assister, tel un rendez-vous galant sans cesse renouvelé. Il avait ensuite regagné le palais, par la campagne avoisinante, toute au charme de l'éveil.
Après avoir regagné les écuries et pansé comme il se doit sa monture, il traversa la cour pour entrer dans les cuisines, où il préleva quelques pointes du gibier qui rotissait, un bol de café et une tranche de pain, qu'il beurra généreusement. Puis il s'assit à la table voisine et mangea tranquillement, observant l'activité autour de lui.

Tu vois s'affairer les serviteurs et les cuisiniers, déjà sur le pied de guerre pour le repas de midi.

A une table voisine, un petit groupe de servantes et filles de salle pépient gaiement, telle une volée de moineaux, passant en revue les potins du jour, issus de la radio couloirs locale.

Tu écoutes distraitement les cancans du moment :

-Le Prince Bleys aurait couché avec la très belle et très jeune fille d'un seigneur du Cercle d'Or en visite.
-Un comptoir des célèbres bijoux d'or d'Uberwald va s'ouvrir prochainement en ville (les jeunes filles s'émerveillent d'avance à l'idée de leurs futurs léchages de vitrines)
-Julian a soi disant tué hier en Arden un ours de plus de 4m de haut
-il paraît qu'il y a en ce moment dans les appartements de Gérard une petite fille qui dit l'avenir (Même qu'elle a annoncé à Gisèle que son petit ami, qui est palefrenier, aurait un accident de cheval, et ça s'est vraiment produit !)

Eyflamm sourit légèrement en écoutant d'une oreille distraite les ragots colportés. Par expérience, il savait que c'était là une source de renseignements non négligeable, et il avait pris soin de se faire une place discrète en ce lieu, si bien qu'il passait inaperçu, laissant les uns et les autres s'épancher sans retenue.

* Décidémment, mon Oncle Bleys est bien léger quand il veut, où n'est-ce encore qu'une de ses inombrables manoeuvres ...
Intéressant, cette histoire de voyante ... je devrais peut-être me perdre près des appartements de Gérard ...
Et Julian, il faudra que je le voie pour le féliciter ...*

Il prit son temps pour finir son repas, puis, la foule dispersée, quitta les cuisines pour se rendre dans sa chambre se changer et prendre une douche, passant pour ce faire devant la porte de Gérard ...

Alors que tu arrive au niveau des appartements de Gérard, une porte s'ouvre, et tu vois en sortir une fillette d'environ 12 ans, toute petite, blanche et belle comme une poupée.

Elle a les bras encombrés de feuilles, de pinceaux, de boîtes diverses contenant de la peinture.

"Bonjour, Eyflamm !" lance t-elle gaiement.

"Vous voulez bien refermer la porte derrière moi, s'il vous plaît ?"

* Gast ! Si je m'attendais à ça ! Serait-ce cette petite ? Il semblerait ... Allons un peu à la pêche ... *
Se fendant d'un large sourire, sans laisser rien paraître de son trouble,
- Mes hommages du matin jeune damoiselle, bien sûr, vous permettez ?
Répondit-il, joignant le geste à la parole, il referma la porte, non sans jeter un oeil discret dans la pièce.
- Laissez-moi donc vous décharger, cela est bien lourd.

La pièce est une sorte de petit salon tout simple.

La petite te sourit ingénuement.

"Volontiers !"

Elle te pose tout sur les bras, sans ménagement.
Elle part ensuite à grands pas (enfin, des grands pas à son échelle, pour toi ça correspond à des pas normaux^^) le long du couloir.

"Par là, par là."

Elle te conduit à une porte, quelques dizaines de mètres plus loin, qu'elle ouvre.
Vous entrez dans une vaste chambre, avec un grand lit pas encore fait, des étagères vides et un énorme canapé.

"Posez ça quelque part, n'importe où.
Là ce sera très bien."

Elle s'arrête un instant, fixe, comme si elle entendait soudain quelque chose, au loin.
Immédiatement ensuite, elle enchaîne :

"C'est bien que vous soyez passé, Eyflamm, ça tombe bien, j'ai une nouvelle pour vous.
Quelqu'un a laissé une lettre à votre intention, elle se trouve par terre dans le grand couloir au rez de chaussée. Un serviteur va la trouver dans deux minutes et frappera à la porte de vos appartements pour vous la remettre, dans dix minutes.
Cette lettre est très sérieuse, vous devriez y porter la plus grande attention."

Elle dit cela la plus naturellement du monde, l'air neutre, comme si elle lisait juste une recette de cuisine.

Puis, tout à coup, elle se fige de nouveau.

"Oh !..... oh non !" murmure t-elle.

Elle semble soudain soucieuse.

"Excusez moi, je... je dois m'en aller. Je dois aller voir Gérard immédiatement."
Son regard reflète une grande inquiètude.

Elle te pousse vers la sortie avec empressement.

"Merci de votre visite, Eyflamm.
Et n'oubliez pas : la lettre. C'est très important."

Sur ces mots, elle file à toutes jambes dans le couloir, en direction des appartement de Gérard.

Eyflamm s'écarta prestement du chemin de la jeune fille, quelque peu hébété.

* Et bien ! En effet ! Nul doute que cette petite est habitée ... Bon, je crois que je n'ai plus rien à faire ici,
autant suivre ses instructions pour en avoir le coeur net. *

Eyflamm partit donc vers ses appartements et y attendit le-dit courrier.

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