Kashfa

HJ Je n'ai pas trouvé comment créer un dossier nommé Kashfa, je laisse donc le soin au MJ de ranger DJ

Trame caresse la crinière de Malta, le cheval à la robe noire qui l'a porté depuis plusieurs semaines. Il sait désormais que cette caresse est le signe d'un souhait d'une halte de son cavalier. Docile, elle s'arrête et Trame descend de son fier animal.

Trame se dirige vers le fin cours d'eau qui serpente à quelques mètres de la route, suivi de Malta et de Long-Poil. Malta se méfie toujours du loup, même si elle sait désormais qu'elle ne doit rien craindre de lui. Ensemble, l'humain, le loup et le cheval boivent à même la rivière, le nez ou le museau dans l'eau.

Trame se relève le premier et met sa main en visière sur ses yeux pour se protéger du soleil. Son regard se pose sur Jidrash, visible au loin.

"La route ne restera pas inusitée longtemps Long-Poil et il serait plus sage que je sois accompagné d'un chien. A moins que dans cette ombre ils connaissent la grande utilité du loup et que la fidélité est liée à la sagesse du maître."

Tout en soufflant de dénigrement dans l'eau, Long-Poil se transforme par étapes en un Fox Terrier au poil noir. Surprise, Malta fait un bond de cabri de côté, tournant la tête de droite à gauche, cherchant le loup et refusant visiblement la réalité qui s'offre à elle. Trame va l'apaiser et la guide vers une herbe jeune située à l'écart de Long-Poil.

Trame s'agenouille pour ramasser plusieurs plants de plantain lancéolé et en sépare les graines des feuilles avant de le mettre dans sa besace.

* Nous risquons d'avoir besoin de faciliter notre digestion si l'on passe d'une fois à une nourriture plus riche que notre ordinaire.

Trame caresse le sol, prend une poignée de terre et l'hume.

* La terre est fertile, l'homme qui l'entretient doit en être fier et heureux. Cette odeur est plus forte qu'ailleurs, l'ombre doit être plus stable. Nous sommes proche du but.

"En route Long-Poil, nous rejoignons la civilisation"

Trame rejoint Malta et monte à cru. Après un regard appuyé de Long-Poil, il ajoute :

"Tu as raison, je te demande de t'habiller pour la civilisation et je monte comme la nature nous y incite."

Trame descend de Malta, qui jette des regards fébriles vers le chien qui rôde comme un loup. Trame sort un petit paquet de cartes et les trie. Il s'arrête sur un le dessin d'une selle et d'un matériel de monte et de soin complet. Il se concentre et tire de l'objet rectangulaire un stock de matériel bien plus grand que la carte elle-même. Il range sa carte et son paquet et entreprend de panser Malta.

Après avoir étrillé, bouchonné et curé Malta, Trame la selle et lui pose harnais et sangle. Elle n'apprécie que peu d'être ainsi habillée, mais Trame le fait avec tant que douceur qu'elle ne rechigne pas. Trame monte en selle.

"Voilà, nous sommes aussi prêts que l'on peut l'être au sortir de deux semaines de forêts. Prenons le pouls de la ville et voyons si l'on trouve des thermes et une auberge qui accepte les chiens grognons."

Un sourire aux lèvres, Trame fait volter Malta et rejoint la route. Il lance sa monture au petit galop, afin de profiter une dernière fois du vent dans ses cheveux. Dans moins d'une heure, ils seront à Jidrash et ce seront les odeurs de rance et d'urine qui empliront sans nul doute leurs narines. La civilisation n'a pas que des bons côtés.

Vous traversez les campagnes entourant Jidrash, croisant les paysans au travail.

Personne ne s'étonne outre mesure de votre passage, les gens se contentant de lever brièvement le nez à votre vue, parfois avec un petit salut de la tête, un homme armé et à cheval étant par définition un Seigneur, donc une entité respectable, mais cela ne va pas plus loin.

Vous arrivez bientôt en ville, traversant les portes sous l'oeil placide des gardes.

Il y a un monde fou dans les rues.
Jidrash est une ville marchande très importante, un carrefour commercial incontournable. En outre, vous constatez que vous arrivez un jour de marché.

Les cris fusent de toutes part ( les traditionnels "ils est bon, mon poisson, il est booooon !"), l'air est impregné de mille odeurs, pas toutes agréables, et Long Poil peine à avancer au milieu de tous ces pieds.

Plusieurs personnes te hèlent, soit pour mendier quelques pièces, ou pour te vendre leurs produits, ou encore te servir de guide pour trouver une auberge.

Je choisis parmi les guides potentiels un jeune ayant plus de mal à s'imposer parmi sa meute et lui fait signe de venir.

"Quel est ton nom et combien pour me servir de guide cette journée ?"

* Bien. Je connais maintenant la valeur d'un service et le type de monnaie utilisée dans cette ombre. Par extrapolation, je me fais une idée moyenne du coût de la vie.

"Je t'en donnerai le double si tu me guides bien et m'évites les désagréments de la ville."

Petit regard appuyé à l'adolescent lui assurant que je ne suis pas un pigeon à plumer.

"Conduis-moi d'abord chez un bourrelier, ensuite, nous irons aux thermes et tu garderas mon cheval et mon chien le temps de mes ablutions. Enfin, tu me conduiras vers une auberge qui paie bien les ménestrels en spectacle."

* Le bourrelier me reprendra un bon prix le matériel de monte, me fournissant une monnaie de base pour les thermes et mon guide. Une fois à l'auberge, notre spectacle comique de pseudo-ventriloque avec Long-Poil nous fournira gîte, couvert, argent et renommée. La base afin de trouver une caravane à accompagner vers la cité d'Oberon.

Tu hèles un jeune garçon à la silhouette élancée, presque trop maigre. Ses cheveux noirs ébourriffés lui cachent à moitié les yeux et il semble avoir 14 ou 15 ans tout au plus.
Il te dit se prénommer Rémi.

Il s'empresse de t'emmener chez un bourrelier, prenant des raccourcis et des petites ruelles à travers la ville.
Vous arrivez rapidement à destination.
Le commerçant te semble honnête et il te propose pour ton matériel un prix que tu estimes très correct.

Ensuite, Rémi te conduit aux thermes de la ville.
Une fois tes ablutions effectuées, tu constate avec soulagement que ton cheval est toujours là où tu l'as laissé, à la garde du jeune garçon, qui s'avère être un très bon choix.

Il te conduit ensuite à une auberge.
En chemin, poussé par la curiosité, il te demande si tu comptes rester longtemps en ville et, le cas échéant, quelle sera ta prochaine destination.

"Je resterai le temps nécessaire pour me faire connaître, jeune Rémi. J'espère trouver un riche marchand ou un jeune noble qui sera amusé de mes tours et pourra m'emmener plus loin à ses frais. Là où la lune fait apparaître des châteaux dans le ciel."

Au regard intrigué du jeune garçon, je décide qu'un petit exemple de mes talents devient nécessaire. D'un regard à Long-Poil, je lui fait comprendre qu'il est temps qu'il dise un ou deux mots.

"Quel intérêt de chercher à attrapper des lièvres qui flottent dans le ciel, s'ils risquent de s'enfuir en fumée entre nos machoires ?" dit Long-Poil.

Au sursaut de Rémi, je pars dans un grand rire gras et reprend.

"Voilà mon talent, jeune Rémi. Faire parler mon ventre en projetant ma voix comme si elle venait de ce brave Long-Poil. A te voir réagir de la sorte, je gage que mon talent sera bien rémunéré en cette ville."

Une caresse à Long-Poil afin de lui transmettre un remerciement à la comédie qu'il joue pour me contenter.

Laissant Rémi conduire Malta à l'écurie, je rentre dans l'auberge avec Long-Poil. Après un regard amical et souriant aux clients, je me dirige vers l'aubergiste.

"Bien le bonjour l'homme. On m'a vanté les qualités de votre auberge tant au niveau de votre cuisine qu'à la qualité des divertissements que vous pouviez y proposer. C'est donc avec plaisir que je me présente à vous en tant que Montreur de son et Ménestrel. Le gîte et le couvert pour moi et les miens pour les jours où je divertirai vos clients sera une bonne chose, qu'en dites-vous ?"

* Rémi m'a bien servi, si je peux lui permettre de dormir dans un vrai lit quelques jours, voire de lui trouver un maître qui le traiterait bien me conviendrait. Pour l'argent, les clients semblent aisés et me fourniront la petite monnaie nécessaire après mes prestations.

Rémi, encore sous le coup de la surprise d'avoir vu un tel tour, mène la jument à l'écurie, bouche bée.

Quand à l'aubergiste, un grand homme à la bedaine imposante, présentant tous les aspects de l'épicurien accompli, il t'écoute avec attention, la curiosité se peignant sur son visage.

Citation :: Le gîte et le couvert pour moi et les miens pour les jours où je divertirai vos clients sera une bonne chose, qu'en dites-vous ?"

"Ca s'pourrait bien, mon gars, ça s'pourrait bien.
C'est vrai que j'aime à offrir de l'animation dans la salle, surtout ces temps ci. La belle saison est revenue et les marchands avec elle. Mon établissement affiche presque complet.
Donc... ça pourrait bien m'intéresser.
Enfin, à vrai dire, ça dépend de vous. Qu'est ce que vous faites, au juste ?"

C'est Long Poil qui se charge de répliquer :

"Oh, ma foi, pas grand chose. C'est surtout moi qui fait tout le boulot."

L'aubergiste écarquille les yeux, son regard va du chien au maître et du maître au chien alternativement... puis, comprenant enfin, il éclate de rire.

"Oh bon sang ! un ventriloque !
Extraordinaire !
Allez, c'est bon, vous êtes pris, vous et votre équipage !"

Il s'empresse de te conduire à l'étage. La chambre qu'il t'occtroie est simple mais confortable.

Je profite des quelques instants de tranquilité et sort mon paquet d'atouts. J'en tire deux cartes, une représentant un habit de gala et l'autre une émeraude. Je pose les atouts devant moi et commence par me concentrer sur l'habit et en ramène les divers objets composant ma tenue, les posant sur le lit. Je passe ensuite à l'émeraude que je ramène et place dans ma bourse. Je m'habille avec soin en attendant le retour de Rémi.

Lorsque j'entends des pas mesurés dans le couloir, je me dirige vers ma bourse et l'ouvre alors que Rémi frappe à la porte.

"Entre petit."

Rémi ouvre la porte et prend la mesure de mes nouveaux vêtements.

"Voici ta paie jeune Rémi. Je te remercie pour ton service de qualité."

Comme Rémi prend l'argent promis et le fourre dans sa poche, je reprends.

"J'ai apprécié ta présence ainsi que ton assistance, si tu le désires, tu es le bienvenu à mes côtés le temps de ma présence à Jidrash. Tu peux profiter avec moi du gîte et du couvert offert par l'aubergiste et m'assister afin de récolter les deniers offerts par les clients à la fin de mes prestations. Une part de cet argent te reviendra pour tes services."

Je laisse au petit un temps de réflexion et de calcul avant de conclure.

"Si mon offre te convient, va de suite dans les quartiers d'affaire et dans les endroits fréquenté par la petite noblesse et annonce que 'Trame le Ménestrel montreur de son' se produira pour quelques soirs au Faisan d'Or. Un peu de publicité est toujours bienvenue."

Un petit clin d'oeil lui fait savoir que j'ai fini mon laïus et qu'il est temps de sortir, quel que soit son choix.

* Un petit somme et ensuite je m'occuperai de long-Poil : une promenade en ville afin de lui permettre de satisfaire ses besoins naturels et de quoi le sustenter. J'ai intérêt à ce qu'il soit de bonne humeur ce soir pour ma première.

Rémi écarquille les yeux, incrédule, comme s'il n'arrivait pas à y croire.
Puis, son visage se fend d'un large sourire, il hoche la tête et part en courant exécuter tes instructions.

Je m'étire dans mon lit, ces 2 heures de sieste m'ont permises de récupérer du voyage. Un coup d'oeil à Long-Poil m'assure qu'il est resté aux aguets durant mon repos. Je le salue d'un sourire.

"Tu es prêt pour une petite visite de la ville ?"

Rapidement sur ses pattes, prêt à sortir, nul besoin de parler pour se faire comprendre. Il devra cependant attendre quelques minutes afin que je sois présentable.

Nous sortons de la chambre et rejoignons la rue, non sans avoir récupéré un morceau de viande crue pour sustenter Long-Poil.

D'un pas tranquille, nous visitons la ville, en restant sur la route principale. Je me dirige vers le Temple de la Licorne que j'ai apperçu en suivant Rémi. Les fréquents arrêts de Long-Poil pour satisfaire à l'appel de la nature me permettent de prendre le pouls de la ville.

Lorsque je pénètre dans le Temple, je suis admiratif devant le travail des artistes qui ont décoré l'endroit.

*J'ai toujours été attiré par cet animal et j'en ai rencontré un bon nombre après les avoirs dessinés sur des atouts. Ils ont tous eu en commun leur indépendance et leur grâce. Un seul a daigné me prendre une seule fois sur son dos, après près de 5 ans de contacts journaliers. Au vu de la qualité des sculptures, il est probable que l'artiste aie réellement eu des contacts avec une licorne.

Je puise dans l'atmosphère de l'endroit, dans le jeu des couleurs des rayons du soleil dans les vitraux, dans le déplacement tout en lenteur des prêtes, dans la dévotion des fidèles. Je restituerai sans doute tout cela dans un atout et il faudra que je sente l'endroit pour le rendre au mieux.

Une fois imprégné de l'atmosphère, nous repartons vers l'auberge. Du coin de l'oeil, je repère un couple en activité discrète. Je souris en me demandant comment les parents huppés de la jeune fille pourront accepter leur futur gendre. Surtout sentant, si je me base aux effluves qu'il dégage, qu'il doit sagir d'un garçon d'écurie .

Lorsque vous retournez tous deux à l'auberge, tu constate avec surprise qu'elle est bondée de monde.
Les serveurs courent d'une table à l'autre, leur plateaux chargés de boissons, et le patron, qui fait le service au comptoir, ne sait plus où donner de la tête, distribuant bière sur bière.
Il paraît ravi.

Vu le regard que l'assemblée te lance à ton arrivée, tu devine immédiatement que la majorité des personnes présentes sont ici pour assister au spectacle.

Rémi est attablé à l'extrémité du comptoir, occupé à engloutir une plâtrée de ce qui semble être des pommes de terre.
T'aperçevant, il t'accueille d'un sourire triomphal, le sourire typique de l'employé fier de son travail.

D'un regard, je balaie l'assemblée, un sourire amical aux lèvres. Je repère le groupe aux habits les plus cossus et les gratifie d'un signe de tête supplémentaire. Je me dirige vers Rémi et le félicite d'une tape sur l'épaule.

*Ce jeune homme est d'une efficacité remarquable.

"Beau travail jeune Rémi. Dès que tu auras lèché tes doigts, nous entamerons notre spectacle. Tout en profitant de ton assiette, désigne moi avec discrétion les personnes les plus importantes de l'assemblée."

Une fois que Rémi , la bouche dégoulinante de gras, m'a désigné d'un signe de tête les plus prestigieux invités, je fais signe à l'aubergiste d'approcher.

"Cher aubergiste, je constate que votre cuisine dispose d'une renommée encore plus importante que ce qu'avais ouï dire jusqu'ici. Ce beau monde doit faire les beaux jours de votre établissement."

Je le gratifie d'un sourire propre à flatter l'égo de tout être normalement intéressé par sa propre personne. Sans laisser le temps à sa fierté de se dégonfler, j'enchaîne.

"Si vous le permettez, j'entamerai ma prestation dès que mon chien aura bu une gamelle d'eau et moi-même un verre de bon vin. A moins que vous ne disposiez d'une estrade adaptée aux spectacles, je réquisitionnerai cette table..." Je lui désigne d'un signe de main celle à l'aplomb des plus nobles de l'assemblée "... pour m'y hausser et être visible de toutes les bonnes gens qui envahissent votre établissement de qualité."

Tout en sirotant le verre de vin rapidement apporté par l'aubergiste, j'analyse tranquillement l'assemblée. D'une carresse sur sa fourrure, je fournis mentalement quelques indications et idées à Long-Poil.

*Voilà un premier spectacle qui peut déjà me faire une réputation dans toute la ville. J'espère que Long-Poil sera de bonne composition.

L'aubergiste donne tous les signes d'un immense ravissement et, vu ce que la soirée va lui rapporter en boissons et repas, on peut aisément le comprendre.

Rémi te désigne les personnes les plus influentes, quelques bourgeois, qui sont venus avec femme et enfants. Mais, vu leur mise, tu devine qu'il ne s'agit pas encore de personnes vraiment haut placé... il te faudra probablement d'abord faire tes preuves ce soir et laisser agir le bouche à oreille.

Long Poil semble plutôt bien disposé, il répond à ta caresse d'un battement de queue enthousiaste, imitation parfaite du brave chien ayant à coeur de satisfaire son maître.

Les spectateurs ont tous les yeux braqués sur toi, épiant le moment où tu commencera ton numéro...

Quand toute mon équipe a fini sa gamelle, je pousse mon godet à Rémi pour qu'il n'oublie pas son rôle de récolteur et je monte sur la table.

"Gentilshommes, gentes dames, damoiselles, damoiseaux, permettez moi de me présenter. Je suis Trame, le ménestrel montreur de son, et je vais avoir l'honneur de vous divertir ce soir..."

"Et moi, je sens le chien mouillé ?" dit Long-Poil tout en sautant sur la table.

"Et permettez-moi de vous présenter Long-Poil, mon compagnon."

"Compagnon et pas compagne, que ce soit bien clair entre nous. Je préfère les dames belles et délicates voyez vous." Sur ces mots, il saute de table en table pour effectuer une sorte de révérence toute animale devant une des bourgeoise désignée par Rémi.

"Excusez l'impertinence de mon ami, gente dame, son éducation est à revoir..." D'un signe de main je lui demande de revenir à mes côtés.

Faisant mine de revenir à contre coeur, il ajoute "Excusez mon compagnon, il ne ferait pas la différence entre un chardon et une rose, sous prétexte que les deux piquent. Il n'est pas très dégourdi avec les fleurs... Je ne le garde que parceque l'homme est le meilleur ami du chien... et que je ne dispose pas de poches pour placer les pièces que je récolte en usant de ma verve."

Le spectacle continue durant près d'une demi-heure, jeu de ping pong où je tente de surnager face aux répliques cinglantes de Long-Poil. Les femmes et les bourgeois sont flattés par instant, les hommes d'arme vantés et gentillement vannés. Rien n'est méchant et les ennuis des voyages en pleine nature, surtout pour un homme 'sans nez' tel que moi, est utilisé comme fil rouge.

Au terme de cette première partie, Rémi fait un premier passage alors que je me rince le gosier et m'apprête à conter. Long-Poil va se mêler à la foule pour recevoir tappes amicales et autres faveurs du public. Connaissant parfaitement son rôle, il finit par se coucher au pied de la bourgeoise qu'il a flâtée au début du spectacle.

Revenant au devant de la 'scène', je reprend la main de ma voix de stentor en faisant taire les conversations.

"Maintenant que mon compagnon a jeté l'éponge, laissez moi vous conter une étrange fable. Dans une ville située dans un lointain royaume aujourd'hui perdu, vivait un prince aimé de tous..."

Je leur conte une histoire pleine de récit épique, de sorcier, d'amour impossible, de monstre et de mort inutile. La morale de l'histoire montre qu'il faut croire en son étoile et en sa volonté pour réussir et que les mauvais peuvent toujours s'en tirer grâce à la bienveillance des gentils.

Mes intonations renforcées par la puissance de mon esprit et mes mimiques renforcées par le modelage de mon visage, ont fait trembler de peur ou de plaisir la bourgeoise comme le garde.

A la fin du spectacle, après avoir récupéré la quête faite par Rémi et l'avoir envoyé chercher une bouteille de vin auprès de l'aubergiste, je me dirige vers Long-Poil, toujours au pied de sa bourgeoise.

"Excusez mon chien gente dame, j'espère qu'il n'a pas abusé de votre patience en se prosternant ainsi à vos pieds. Pour tenter de le pardonner, autorisez-moi à vous offrir, à vous et votre compagnon, un verre de vin."

Je récupère prestement la bouteille amenée par Rémi et sert mes 'hotes'.

L'accueil fait à ta prestation a été à la hauteur de tes attentes.
Tous ont poussé des cris de surprise et d'émerveillement. Les enfants comme les adultes ont ri de bon coeur... et la fin du spectacle s'est achevé par un tonnerre d'applaudissements. Sans parler de la recette de la soirée, qui fut plus qu'excellente.

Et, lorsque tu vois revenir Rémi avec une bouteille qui semble être une excellente cuvée, tu devine que le patron de l'auberge, lui aussi, est très satisfait de la soirée.

La jeune bourgeoise et son époux acceptent avec joie ta proposition.
La jeune femme arbore un visage assez commun, trop maquillé, mais ses longs cheveux noirs retenus par un diadème sont sublimes. Elle porte une robe rouge faisant un peu penser à une grosse meringue. Sa voix aigue aux accents hauts perchés est assez énervante mais elle ne cesse de flatter Long Poil avec un naturel et un enthousiasme enfantin plutôt rafraichissant, ne tarissant pas d'éloges sur le talent de ton compagnon, et le tien par la même occasion.
Son époux quand à lui est plus réservé.
Les traits lourds, il a toutes les caractéristiques du bourgeois satisfait de lui même est confit dans sa graisse.
Tu lui donne entre 40 et 50 ans. Sa femme, par contre, ne doit pas dépasser les 25.
Tu devine sans peine qu'elle s'ennuie à mourir avec cet homme qui pourrait presque être son père, et que lui est fatigué de ses enfantillages.

Je passe quelques minutes à flatter les bourgeois, faisant mine de m'intéresser à leur commerce. Je leur laisse comprendre qu'il m'arrive de donner des représentations privées, mais uniquement lors de fêtes dignes d'un roi, car j'aime donner mon énergie au plus grand nombre dans les auberges telles que celle-ci.

Durant mon laïus, j'imprime dans leur esprit mon nom et l'envie de parler en bien de moi auprès des personnes les plus nobles qu'ils connaissent, et ce dès que possible. Un peu de publicité subliminale ne fait jamais de tord.

Une fois mon information bonus implantée, je prends congé des bourgeois et vais plonger dans un petit bain de foule avant de prendre une dernière fois la parole devant mon public.

"Mes amis, avant de vous laisser terminer tranquillement cette une bonne soirée, sachez que je me produirai de nouveau en ce lieu dans deux jours, à la même heure. Informez donc vos amis que Trame le Ménestrel Montreur de son est en ville pour quelques temps afin qu'eux-aussi puissent profiter de mon spectacle. Bonne nuit mes amis."

Je quitte la salle de l'auberge pour ma chambre, accompagné de Rémi et de Long-Poil. Une fois en haut, je fais le compte de l'argent de la quête et le divise en 3.

"Tiens, jeune Rémi, voici la part qui te revient. Je ne sais quel usage tu en feras, mais veille à ne pas le dépenser à des frivolités. Peut-être as-tu pensé à devenir un apprenti pour apprendre ton métier et sache que cet argent pourrait servir à payer ton maître. Ta vie est à toi, mais veille à la prendre à bras le corps et non pas à la subir."

Je le laisse à ses réflexions et vais me coucher. Demain, je réaliserai un atout du temple de la licorne.

*Nul besoin de me tracasser pour mon prochain spectacle, le bouche à oreille devrait fonctionner et l'attente d'un jour supplémentaire sera bénéfique. Je risque de pratiquer comme ce soir durant quelques jours avant de toucher un des ambassadeurs du royaume d'Oberon à Jidrash ou une personne suffisemment noble pour m'introduire directement à sa cour.

Comme tu l'avais pressenti, le succès est au rendez vous.

Le surlendemain, les spectateurs arrivent si nombreux que l'aubergiste doit refuser du monde.
Au premier rang, tu vois la jeune noble, qui te fait des petits coucous de la main, accompagnée de son époux.
De toute évidence, le public est bien plus huppé que la première fois.

Rémi est là aussi, dans un coin de la salle, ne perdant pas une miette du spectacle.A la fin, il s'acquitte consciencieusement de son rôle et te ramène une recette quasiment doublée comparée à celle du premier soir..

Le couple de bourgeois du premier soir te présente à diverses personnes... mais aucune qui te parait suffisement influente pour mener à bien ton projet.

La représentation suivante ressemble aux deux premières, ton succès va grandissant, mais ton passeport pour Ambre n'est toujours pas en vue.

Rémi, lui, est toujours fidèle au rendez vous. Mais tu remarques quelque chose d'étrange... un je-ne-sais-quoi de distant. Il fait sa part de travail, mais semble plus circonspect à ton égard, comme s'il craignait quelque chose...
Quand à l'aubergiste, il t'avoue n'avoir jamais été aussi prospère. Sa manière de t'être reconnaissant est à son image : naturelle et sans chichis. Il te donne de bonnes grosses tapes dans le dos, te tutoie et te sert ses meilleures bouteilles.

Je continue de flatter mes interlocuteurs les plus intéressant, tout en les incitant mentalement à parler de moi aux plus nobles qu'eux. Je commence à les mener sur le sujet de la Cour du roi Oberon et de mes désirs d'aller m'y produire. Mais la route semble longue et je ne connais rien ni personne sur place...

Quand je vois Rémi s'éclipser, je caresse Long-Poil pour lui transmettre directement le message suivant :

"Suis Rémi, mais reste discret. Le petit m'inquiète..."

Je continue à m'occuper des clients de l'auberge avant de prendre congé. Dans ma chambre, je sors l'atout de Long-Poil me concentre dessus.

Tu suis donc un moment Long Poil, qui lui même suit Rémi à distance respectable.

Le jeune garçon se faufile à travers la ville dans les rues pleines de monde, jusqu'à des quartiers qui t'apparaissent comme particulièrement misèrables et mal famés.
Rémi s'arrête devant une porte un court instant, puis entre, refermant derrière lui.

"Essaie d'entendre ce qui se passe par les interstices de la maison. Mais décale-toi par rapport à la porte, afin de pouvoir rester discret si quelqu'un sort. Après tout, c'est peut-être juste sa famille..."

La baraque, parfaitement misérable et brinqueballante, aux murs fins comme du papier à cigarettes et ouverte à tous les courants d'air, dispose en toute logique d'une isolation sonore parfaitement déplorable... ce qui, en l'occurence, fait bien ton affaire.

Ce que Long Poil entend à travers la cloison, c'est une scène domestique tout ce qu'il y a de plus banale... ou presque.
Trois voix d'enfants, apparemment des filles, expriment leur joie de voir revenir Rémi et s'interrogent sur l'endroit d'où il revient.
Rémi se lance dans un récit où il raconte l'incroyable spectacle donné par toi et Long Poil le soir même. Il prend au passage des petits arrangements avec la vérité pour rendre le spectacle encore plus époustouflant. Dans sa bouche, Long Poil, en plus de parler, sait aussi faire la révérence, jongler et marcher sur un fil tendu.
Les petites filles poussent des exclamation admiratives.
Rémi décrit ensuite l'assemblée, quels noble étaient présents et surtout dans quelle tenue. Il s'attache à détailler les robes des jeunes aristocrates avec un souci hallucinant du détail, les gamines y répondant par des petits cris amusés et des soupirs envieux.
Après son passage people, Rémi entreprend de faire une liste détaillée de ce qu'il a mangé, déclanchant là encore des "Waaah !" d'admiration (au passage, tu souris en te faisant la réflexion que, si Rémi avait réellement mangé un bol entier de joues de truite, du caviar et des gésiers, tu l'aurais sans aucun doute remarqué)

Puis, un petit silence se fait, rompu par une petite pluie de gling gling métalliques.
Tu devine que Rémi vient de sortir de ses poches et étaler sur la table son salaire du soir.
"On compte." dit-il, donnant visiblement le coup d'envoi d'un rituel bien rodé.
"On compte ! On compte !" répètent, joyeuses, les gamines.
S'en suit un brouhaha de murmures empressés des enfants qui se partagent les pièces et les comptabilisent. Certaines des petites filles semblent d'ailleurs avoir un peu de mal avec le calcul (trop jeunes sans doute) et l'opération financière prend rapidement un aspect scolaire, alliant le ludique au didactique.

Devinant que la scène va prendre un petit moment avant de s'achever, Long Poil va se mettre un peu à l'écart et en profite pou te faire à voix basse un tout autre compte rendu : olfactif celui là.
En effet, on n'imagine pas à quel point un chien peut apprendre de choses juste en respirant. Et d'ailleurs tu ne cesse de t'émerveiller devant les déductions de ton compagnon, uniquement basées sur le flair.

"Il y a quatre personnes dans cette maison en plus de Rémi, les trois petites, que tu as entendues, et aussi un nourrisson qui dormait. Ils sont frères et soeurs, ça se sent.
Pas d'adulte.
Qu'est ce que je fais maintenant, je retourne écouter ?"

"Non, tu peux te dégourdir les pattes et rentrer. Laissons-les en famille. Demain, je parlerai à Rémi quand il viendra voir si j'ai besoin de ses services. Je descends dans la cour prendre l'air et te permettre de rentrer sans frapper."

Je coupe le contact et m'étends un instant. Tout en regardant le plafond, je passe en revue tous ces petits bourgeois ayant fait des ronds de jambes pour s'attirer mes faveurs.

Avant de me lever, j'ai fini par définir celui sur lequel je jetterai mon dévolu. Cette jeune noble qui ne sentira jamais un coeur d'enfant battre en son sein de par son mariage avec son vieux beau au portefeuille bien garni. Dame Lynette et Sieur Nathan Bâle. Demain j'irai les voir, nous pourrons trouver un arrangement pour ne pas laisser ces enfants dans la rue.

Je sors faire un tour dans la cour le temps que Long-Poil rentre.

Long Poil revient paisiblement de son petit tour en ville.

Le reste de la soirée se passe à l'image des soirs précédents.

Le lendemain arrive, ainsi que l'heure de ta représentation.

Les spectateurs se pressent devant l'auberge plusieurs heures avant le début du spectacle.
Le patron de l'auberge a eu l'idée de faire enlever toutes les tables et de faire venir des dizaines de chaises supplémentaires qu'il a fait placer par rangs autour de la table qui te sert de scène. Ainsi, l'auberge prend véritablement une apparence de salle de spectacle... et, en optimisant ainsi l'espace, on peut quasiment doubler la capacité d'acceuil de la salle.
Une heure avant de commencer, la salle est tellement pleine à craquer de monde que tu pressens que le simple fait de te frayer un chemin jusqu'à la table va être laborieux.

Par contre, certaines personnes du public, au tout premier rang, sont étrangement entourées d'une aura de vide. Tu devines qu'il s'agit là de personnes très haut placées et que chacun s'arrange pour leur laisser une place de choix, ainsi qu'une mise à distance respectueuse du reste du public.

Tu as vu Rémi entrer dans l'auberge, mais il s'est rapidement eclipsé pour aller placer les spectateurs.

J'attrappe l'aubergiste par le bras entre deux aller et retours en cuisine.

"Ma foi, vous allez bientôt pouvoir agrandir votre auberge ! Et il semblerait que vos visiteurs sont de plus en plus importants. Qui sont ces gens au premier rang qui gagnent le respect de tous ?"

L'aubergiste te répond à voix basse.

"Le type maigre à la fine moustache, c'est Alban de Rosecroix, le commerçant le plus riche de la ville. A côté c'est sa femme.

A sa droite, le gros chauve, c'est l'adjoint du bourgmestre, le Seigneur Grandclos. Egalement avec sa femme et ses filles.

Les autres, je ne sais pas. Nous sommes en pleine période commerciale, il y a beaucoup d'étranger en ville, ce sont peut être des nobles de Begma ou d'ailleurs dans le Cercle d'Or, peut être même d'Ambre qui sait... mais ça m'étonnerait."

Fort de ces informations, je donne quelques idées à Long-Poil afin de nous ajuster au public.

J'arrête une serveuse avant qu'elle ne parte en salle chargée de boissons.

"Louise... Vous vous appelez bien Louise, n'est-ce pas ? Auriez-vous l'aimabilité de demander à Rémi, le garçon qui m'accompagne, de venir manger avec moi dans ma chambre avant que nous ne commencions."

Après qu'elle aie opiné du chef et filé à travers une salle bondée, je me fais servir 3 assiettes bien remplies dans mes quartiers.

Lorsque Rémi frappe timidement à la porte Long-Poil a déjà attaqué sa portion.

"Entre Rémi. Prend des forces, tu devras jouer des coudes ce soir pour pouvoir passer chercher notre quête."

Je le laisse s'assoir et commencer à manger. Je le sens à nouveau mal à l'aise en ma présence.

"Je crois comprendre ton malaise actuel. Tu crains que si tu rentres en apprentissage tes frères et soeurs se retrouveront isolés, voire malheureux sans toi à leurs côtés. C'est bien cela ?"