En quête d'Avalon

Précedemment

Llewelyn le prince rebman, Kernos le fils de Bleys et Dame Judith l'apprentie du seigneur Llewelyn, se rendent aux écuries royales du chateau pour y chercher trois de ses meilleurs chevaux, se mettant rapidement en route pour quitter la Cité d'Ambre.

Kernos avait suivi sans rien dire Llewelyn et Judith à travers les couloirs du Palais. Arrivé aux écuries, son choix s'était arrêté sur un cheval à la robe grise et à l'oeil sombre, suffisamment robuste pour supporter sa taille et son poids. Une fois sellée, la bête se laissa monter docilement par le guerrier blond qui la guida hors des écuries, à la suite du Rebman et de son apprentie.

Il décida de fermer la marche le temps de sortir de la Cité éternelle, laissant son oncle prendre la tête du cortège, après tout c'était son plan et lui seul savait où cette chevauchée les conduirait. De plus, cette position lui permettait de surveiller leurs arrières, tout en conservant un oeil sur les faits et gestes de Llewelyn, une assurance de plus n'est jamais superflus ... surtout avec un être aussi secret et intelligent que son aîné.

Semaëll, juchée sur une grande jument bai, avançait tranquillement en milieu de file.
Son cheval suivait tout naturellement celui de Llewelyn, ce qui lui laissait tout loisir d'admirer le paysage ambrien.
Elle prenait un grand plaisir à contempler la cité d'Ambre, qu'elle n'avait jamais vu auparavant.

Curieusement, elle se sentait joyeuse. Pourtant, elle savait qu'ils ne partaient pas en voyage d'agrément, loin de là ! Mais quitter le château d'Ambre la soulageait, elle s'en rendait compte maintenant, sans pour autant être à même de se l'expliquer.
Bien sûr, il y avait le mauvais souvenir de la galerie des miroirs... mais pas seulement. Le château lui inspirait un étrange sentiment de chagrin et de nostalgie indiciblement mêlés.
Pourtant, elle était persuadée de n'y avoir jamais mis les pieds. C'était très bizarre. Un peu comme si elle ressentait les émotions... d'une autre ?!
Son propre esprit était décidément bien mystérieux...

Mais, pour l'instant, Semaëll ne voulait pas y songer.
Elle se sentait l'esprit léger.
Peut être bien que la perspective de voyager en compagnie du jeune et charmant Kernos n'y était pas étranger...

Semaëll se mit à chantonner, sans même s'en rendre compte, dans une langue que Kernos et Llewelyn n'avaient jamais entendue.

Llewelyn monte un jeune étalon à la robe ivoire, et à la crinière immaculée aux reflets de nacre, d'ailleurs il ne vous semble pas que cette monture se trouvait à l'origine dans les écuries.

Pensif, le prince rebman suit son chemin sans se retourner, un début d'expédition dès plus étrange qui soit, quelque chose le tourmente, mais il a choisi de ne pas s'en ouvrir pour le moment.

Le soleil darde quelques rayons paresseux, et le paysage change progressivement pour de longues plages de sable, aucun doute donc, sur le fait que votre groupe se dirige vers le sud et la localisation approximative de Rebma.

Mais les cris d'un faucon qui vole haut dans le ciel attire soudainement votre attention, la forêt d'Arden, son habitat naturel, se trouve de l'autre côté du mont Kolvir à une ou deux heures de cheval.

Alors que Llewelyn observe le vol étrange du faucon, il sent les prémices d'un contact d'Atout.

Nombre de messages : 24 Date d'inscription : 06/09/2007

Le palais des terres de feu de Muspellheim était anormalement agité en cette douce nuit de fin des temps, et pour cause, son seigneur et maître, le génie du feu dévastateur Surt quittait son domaine pour accomplir son destin, le Wyrd. Tous les démons du royaume étaient rassemblés et attendaient impatiemment le dernier discours de leur chef.

Celui-ci se présenta à eux plus majestueux que jamais, montant la plus puissante des créatures qu'il leur avait été donné de voir. La simple présence du phénix suffisait à éclairer la scène à des lieux à la ronde. Sur son dos, droit et fier, se tenait Surt vêtu de ses couleurs : le noir afin de ne jamais oublier Ginnungagap, l'abîme du néant originel; et, le pourpre couleur du sang qui coulera lors de la consommation du destin des puissances et du feu qui fera disparaître puis renaître les neuf mondes.. Sa lame ardente est soigneusement confinée dans son fourreau afin de ne pas éblouir l'assistance.

Le silence se fait presque immédiatement et Surt prononce solennellement les derniers mots qu'entendront de lui ses fidèles serviteurs :

Le soleil s’obscurcira,
La terre sombrera dans la mer,
Les étoiles resplendissantes
Disparaîtront du ciel.
La fumée tourbillonnera,
Le feu rugira,
Les hautes flammes
Danseront jusqu’au ciel.

Ces vers, tous les connaissent. Ils sont l'essence même du Ragnarök extraits de ce qui leur tient de bible : le völuspa.

Dans un ultime salut, il les quitte, précédé et suivi d'un cortège de flammes.

En quelques battements de ses ailes vigoureuses, la créature et son maître se retrouvent à des dizaines de kilomètres de leur ancienne résidence. Sowen le sait, c'est maintenant que les choses deviennent véritablement intéressante. Fort de ses nombreuses et riches expériences en ombre, il est prêt à retrouver le devant de la scène. De plus, il n'a pas choisi au hasard ce moment précis pour réapparaître. Il a bien entendu ressentit comme les autres êtres réels les changements critiques qui agitaient la toile de l'univers. Il s'est bien sur longuement interrogé sur le sujet, a fait ses propres recherches, a construit des théories plus farfelues les unes que les autres mais jamais dénuées de bon sens toutefois. Bref, il a bien évidemment compris que quelque chose d'important se jouait actuellement et qu'il était vital qu'il en fasse parti, ne serait ce que par les opportunités que cela pouvait faire naître. De toute manière, maintenant qu'il avait atteint les buts qu'il s'était fixé dans ses études personnelles sur certains sujets qu'il gardait avec précaution secrets, il lui fallait un nouveau jouet, quelque chose à quoi se raccrocher, de nouvelles personnes à manipuler, etc.

Et puis, il avait une mission à accomplir...Bleys, avec qui il avait été très régulièrement en contact ces derniers temps, lui avait fait part des dernières nouvelles en Ambre. Il avait ainsi appris que de nombreux membres de la famille s'étaient rassemblés sous l'autorité de la couronne pour régler le cas de ce Jurt qui ennuyait le monde avec ses expériences grotesques de conquête de l'univers. Qu'est ce que ça pouvait être enfantin, et d'un banal en plus...Non, vraiment, l'art et la manière avaient disparu avec feu le roi Obéron, seul souverain légitime d'Ambre.

Son oncle préféré, et presque père, lui avait gentiment suggéré de prendre part à l'action en s'immissant dans un groupe particulier, qu'il souhaitait particulièrement surveiller de près. Il n'avait pas eu besoin d'en dire beaucoup pour que Sowen comprenne la raison de cette paranoïa réaliste. En fait, un seul nom avait suffit : Llewelyn. Il était en effet de notoriété commune que le rouquin et le rebman ne s'appréciaient guère. En même temps, combien de frères et soeurs ou même de cousin pouvait vraiment prétendre s'apprécier dans cette famille pour le moins hors du commun. Il avait lui même eu l'occasion de rencontrer cet oncle un peu à part et de le cotoyer quelques temps lors de son perfectionnement sur l'art des atouts, pour lequel il s'était rendu dans différents ateliers d'artistes en Ambre, dans les Cours comme en Ombre. Sowen devait donc rapporter à son mentor tout agissements étrange de l'homme à la chevelure de jade, qui était accompagné par une suivante particulièrement mignonne d'après ce qu'il lui en avait dit. Ce travail ne serait peut être finalement pas aussi ennuyeux qu'il se l'imaginait. Le dernier fils de Clarissa en vie avait également signalé au passage qu'un de ses rejetons faisait partie de cette équipe, un certain Kernos. Cette annonce avait fait naître un étrange sentiment en Sowen. Il allait rencontrer pour la première fois la chair et le sang de celui qu'il considérait comme son paternel. Il n'était pas jaloux, ni même en colère, non c'était plutôt de l'impatience. Il avait passé des heures à se demander comment serait cet homme, et quels rapports ils allaient entretenir. Etait-il au courant du lien qui unissait Sowen à son père et d'autres choses du même acabit.

Une fois suffisement loin, ils se posèrent au sol et le jeune homme sortit de la poche intérieure de sa veste une carte dont le dos était à l'effigie de l'animal mystique qui se tenait à ses côtés et dont la face représentait une petite clairière ou courrait un petit ruisseau d'eau clair. Il ne lui fallut pas plus d'une minutes pour que la scène acquiert une réalité suffisante et que le contact soit prêt pour leur transport. Le bosquet de la Licorne avait toujours été un des lieux qui le fascinait le plus. Il y était venu presque tous les jours lorsqu'il était un petit garçon, et aujourd'hui encore ses yeux pétillaient d'un enthousiasme incomparable à l'idée que la Licorne puisse lui apparaître comme des décennies plus tôt...

Mais elle ne vint pas, bien sur, ce qui ne l'empêcha pas de prier quelques instants avant de repartir. Ils montèrent haut dans les airs et prirent la direction que Bleys leur avait indiqué. Le prince d'Ambre lui indiqua également qu'il prévenait Random de la participation de Sowen à l'aventure. En quelques heures à peine ils trouvèrent en effet la piste encore fraîche laissée par le voyage inte-ombre et la remontèrent. Prudent, Sowen avait invoqué un faucon qui les précédait et repérer les alentours tandis qu'eux restaient au dessus de la couche nuageuse afin de ne pas être vu d'un quelconque ennemi à commencer par les rapaces espions de Julian qui infestaient les lieux, il ne le savait que trop bien.

Lorsqu'il les vit enfin, l'oiseau fit quelques tours au dessus d'eux et remonta transmettre l'information. Nul doute que les trois cavaliers devaient avoir remarqué la présence de la bête si loin de son habitat naturel et encore plus son comportement étrange.

C'est en toute logique qu'ils furent sur leur garde quand le phénix géant déchira les cieux et fondit vers eux, Sowen sur son dos. Néanmoins, le fait que son arme fut au fourreau et non prête à servir entre ses mains dut les rassurer sur les intentions de cet inconnu, du moins pour l'instant. Il se posa à quelques mètres devant eux sur le sentier et sauta au sol. Un grand sourire aux lèvres, il fit deux pas vers eux avant de les saluer d'une révérence tant théâtrale qu'elle en était risible. Il ne manqua pas de repérer au passage les différentes armes et objets visibles que portaient chacun d'eux. Il frotta ses mains gantées l'une contre l'autre et les sépara, ouvrant les bras vers eux dans un signe amical, comme pour une accolade.

- Quel heureux hasard de croiser, lors d'une banale promenade, des membres de la famille !

L'ironie était de mise, comme d'habitude, mais c'était typiquement ambrien d'agir de la sorte...

[HRP : Llewelyn, tu n'as pas précisé si tu avais donné ou non les épées que tu as faite pour Semaëll... Par défaut, je considère qu'elle les a. Si ce n'est pas le cas, elle porte deux épées qu'elle s'est procurée avant de partir.]

Lorsqu'elle vit l'arrivée spectaculaire et pour le moins théâtrale de l'inconnu, Semaëll porta immédiatement la main à l'une de ses deux épées, sans toutefois la tirer hors du fourreau.

N'osant parler la première, elle gratifia Kernos et Llewelyn d'un regard interrogateur.

[HRP : Non, Semaëll ne les a pas encore !]

Dans un éclair, l'épée de Llewelyn a surgi dans sa main pointant en direction de l'oiseau phénix et de son cavalier, comme s'il devait faire une effrot pour la retenir tandis que de l'autre, il flatte l'encolure de son cheval que la présence de la créature rend nerveux.

Mais son visage reste concentré sur autre chose et Sowen en tant qu'artiste des Atouts devine qu'il s'agit là d'un contact !

Intrigué par la chanson étrange de Judith, Kernos ne s'était pas aperçu tout de suite qu'ils étaient filés, ce ne fut qu'en entendant le cri du faucon qu'il comprit ce qui se passait.

Sortant de sa rêverie passagère, il jeta un coup d'oeil rapide à ses compagnons. L'air concentré de Llewelyn lui indiqua qu'il était en plein contact d'Atout, il fallait donc être prudent. Par mesure de sécurité, il dégagea de quelques centimètres une de ses lames et se tint prêt. Il n'eut pas à attendre longtemps, un inconnu monté sur une créature ressemblant à un oiseau enflammé, descendit des cieux à quelques mètres de leur petite troupe.

*Serait-ce ceci que l'on nomme un phénix?*

Imitant Judith et son oncle, il sortit sa première épée du fourreau et agrippa la seconde, prêt à s'en servir sur l'homme qui s'avançait vers eux. Ses manières auraient fait rire Kernos si la situation était différente et le contexte moins tendu, il se contenta donc de le foudroyer du regard.

Il n'y a de hasard en ce monde que lorsque nous en créons l'opportunité.Jeta t-il à l'étranger. De plus, dans notre "famille", il n'y a jamais de banale promenade, encore moins de rencontre fortuite, il y a toujours un but, une raison, alors évitons les jambages inutiles et venons en au faits. Qui êtes-vous et qu'attendez vous de nous?

Semaëll jeta un regard interrogateur en direction de Llewelyn. Celui-ci semblait étrangement absent, comme préoccupé par une chose invisible.
La jeune fille se rapella soudain ce que cela signifiait : il était en train de converser par Atout avec quelqu'un.

*Tristesse et putréfaction ! C'est bien le moment !* jura t-elle mentalement.

L'inconnu l'avait tirée de sa rêverie, et cela l'avait un peu énervée.
Le voyage à peine commencé, que déjà les contrariétés débutaient. Ca promettait...

Elle fit avancer son cheval au niveau de celui de Kernos, de manière a se placer juste à côté de lui. La main toujours sur la poignée de son arme, elle se tenait prête à toute éventualité.

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Le sourire amusé du jeune homme se transforme en un rire bref mais au combien chaleureux. Il profite de ce court instant pour faire le point sur les quelques éléments qu'il a pu observer lors de son arrivée. Ils sont naturellement tous armés et savent sans aucun doute se battre, toutefois leur empressement à sortir les armes dénote une certaine tension à prendre en considération. Llewelyn, qui doit être à la tête du groupe, n'intervient pas comme il l'aurait supposé, et c'est compréhensible car après un rapide coup d'oeil, Sowen se rend compte que l'énergie des atouts est mise en oeuvre. Quel est donc le sujet de cette discussion et qui peut bien être l'interlocuteur du prince rebman? Il donnerait cher pour le savoir, mais qu'importe, ses réponses, ils les auraient bien assez tôt. Le regard d'abord fuyant et hésitant de la jeune femme la relègue immédiatement comme la plus faible aux yeux de l'arrivant. Elle doit sûrement être la plus jeune et de fait la moins expérimentée ce qui pourrait expliquer ce manque flagrant d'assurance et de prise d'initiative. Elle lui rappelle d'ailleurs étrangement quelqu'un, il ne parvient néanmoins pas à se souvenir qui. Intéressant. Le dernier de ce trio infernal doit être le fils de Bleys. Il possède en tout cas la même grande gueule que son mentor même s'il y met beaucoup moins les formes. C'est d'ailleurs cette franchise et l'agacement non dissimulé par rapport aux manières de Sowen qui amusent le plus ce dernier et qui ont donc provoquées son éclat de rire. Ce Kernos a vraiment du tempérament. C'est au final une première impression plutôt positive qui émanent de cette rencontre.

- Certes, ce n'est donc pas pour une simple partie de chasse ou un de ces joyeux pic-nique en forêt non plus que vous vous trouvez tous trois réunis, mais je peux me tromper ? Vous avez raison, quel manque de courtoisie de ma part, je ne me suis même pas présenté, veuillez je vous prie ne pas m'en tenir rigueur.

Il marqua une très légère pause, et tout en s'inclinant bien bas, reprit :

- Sowen d'Ambre, pour vous servir.

En se relevant, il les gratifia de son plus beau sourire et poursuivit, s'adressant toujours à Kernos :

- Je me serais fait une joie de vous porter l'accolade, cher cousin, mais je crains que votre lame ne risque de causer quelques dommages à mes tous nouveaux vêtements. Il serait tout de même fâcheux que mon tailleur préféré fasse une énième crise cardiaque, ce qui serait sans nul doute le cas si je venais à lui annoncer qu'un de mes sympathiques et respectable amis à porter une nouvelle fois l'estocade au fruit de son travail acharné.

Puis, se tournant vers Semaëll comme s'il venait de se rendre compte de sa présence :

- J'ai bien peur que nous n'ayons pas été présentés charmante demoiselle. Je suis confus, on ne m'avait guère prévenu qu'une si douce créature accompagnait ces valeureux guerriers jusqu'aux sombres terres de notre ennemi commun. Je n'ai donc pas prévu de bouquet, j'ose donc espérer que ce parterre de rose suffira à remplacer les fleurs qui auraient du être les votres. Je gardai ce sortilège pour une autre occasion, mais qui pourrait considérer cela comme du gâchis que de faire une allée d'honneur à pareille jeune femme...

Aussitôt dit, aussitôt fait. Alors qu'il tendait le bras vers le groupe de cavalier tout en murmurant quelques mots à voix basse, les quelques mètres qui les séparaient s'emplirent d'un champs de pétales de roses rouges et blanches.

Revenant à Kernos comme s'il ne l'avait pas tout bonnement ignoré pendant un moment juste auparavant :

- Je n'attends rien de vous, n'ayez crainte, je ne suis pas là pour un duel ou n'importe quelle autre absurdité de la sorte, ce n'est ni le lieu ni le moment pour pratiquer telle activité. C'est bien dommage, je le reconnais, mais c'est ainsi. Je sais que ça vous attriste, mais réjouissez vous, nous pourrons tous reprendre nos activités ambriennes habituelles une fois ce jeunot sans cerveau de Jurt écarté. D'ailleurs, à ce propos, nous ferions bien de ne pas trop traîner...La toile de l'univers a déjà bien trop souffert des changements intempestifs opérés par le regain d'influence de la marelle de Corwin sur les autres entités majeures que sont la marelle d'Ambre et le Logrus du Chaos.

Il passa une main dans ses cheveux et son regard d'un bleu profond alla de l'un à l'autre des protagonistes présents comme s'il les jugeait, les évaluait. C'était le genre de sentiment désagréable qui naît du fait qu'on se sait observer de façon intense, presque perverse.

- Enfin, je ne voudrais pas m'imposer...

Cette dernière remarque était toute spécialement adressée à Llewelyn qui était en quelque sorte l'homme fort du groupe, le leader de cette équipe de joyeux lurons.

Semaëll contempla le parterre de fleurs, un air mi amusé mi agacé se peignant sur son joli visage.
Décidément, ces derniers temps, tous les hommes qu'elle croisait s'évertuaient à lui faire la cour, et pas de la manière la plus subtile.
D'abord le baisemain théâtral de Bleys, et ensuite cet accueil fleuri digne d'un roman à l'eau de rose pour adolescente...

"Dites donc, encore un ou deux comme ça et je pourrais monter un fan club !" murmura la jeune fille d'un ton sarcastique, si bas que seul Kernos pouvait l'entendre.

"Il est de votre famille, lui aussi ? Si la drague grandiloquente est une caractérisque génétique, j'aurais tendance à le croire." ajouta t-elle malicieusement, faisait allusion à sa rencontre avec Bleys quelques heures auparavant.

Vous n'entendez que la partie Llewelyn du dialogue, mais le contact semble assez houleux, d'après la conversation, Semaëll et Kernos devine que le prince rebman est en conversation avec le roi Random.

Il interrompt assez vivement celui ci, et se tourne vers Sowen en remettant son arme au fourreau.

" Je n'apprécie guère la méthode, mais nous avons besoin de bras et de personne qui n'ont pas froid aux yeux, et à votre entrée grandiloquante, je devine une forte propension à faire fi d'une certaine prudence élémentaire.

La mort et le danger seront bientôt nos seules compagnes, car nous emprunterons un chemin qui a fait renoncé même le puissant Benedict !

Etes vous toujours décidé à nous suivre...

Il n'attend pas vraiment de réponse de son interlocuteur et poursuit.

" Dans ce cas, voici Dame Judith, mon apprentie, et Kernos, mon neveu, nous nous connaissons déjà, même si la rencontre fut brève ! "

Se tournant vers ses deux accolytes il ajoute.

" Et voici Sowen, le fils de Julian et l'apprenti de Bleys ! "

Ainsi rassurée sur l'identité du nouveau venu, Semaëll lâche elle aussi son arme.

*L'apprenti de Bleys ? Je me disais bien que ce charme pompeux me rappelait quelqu'un !* Se dit-elle en réprimant un sourire.

"Veuillez excuser notre accueil pour le moins froid... qui ne fait guère honneur à votre galanterie.

Mais nous faisons preuve de la plus grande prudence à l'égard des inconnus, prudence dont vous ne pouvez nous tenir rigueur au vu des récents événements." ajouta t-elle aimablement.

*La discussion que Llewelyn vient d'avoir semblait pour le moins tendue. On dirait bien que tout ne se passe pas exactement comme il l'aurait souhaité. Il n'a franchement pas l'ai ravi de voir débarquer ce Sowen.
Aurait-on quelque raison de se méfier de lui ?*

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Sowen paraissait écouter d'une oreille distraite, triturant un pendentif en argent pendait ator de son cou et qu'il cacha rapidement sous son vêtement une fois que les autres l'erent remarqué. En réalité, chacun des mots prononcés par Llewelyn et Semaëll était retourné dans tous les sens à l'intérieur de sa tête afin d'en déceler tous les sens possibles et cachés. Le jeune homme ne laissait rien au hasard contrairement à ce qu'il pouvait laisser paraître.

- Soyez sur, mon oncle, que le moment venu, mon bras ne faiblira.

Se tournant vers Semaëll et Kernos :

- Enchanté de vous rencontrer, c'est toujours un grand plaisir de partir à la "chasse aux sorcières" en compagnie de personnes de qualité.

Un nouveau sourire amusé se forme sur son visage et il reprend :

- Certainement Dame Judith, tout ceci est déjà oublié. Votre prudence est toute à votre honneur.

Il guette du coin de l'oeil la réaction de Kernos aux paroles de Llewelyn sur son lien avec Bleys, tout en reculant doucement vers l'oiseau de feu qui a tendu une aile vers lui pour en faire une sorte de passerelle afin qu'il grimpe sur son dos.

- J'ai été mis au courant des récents évènements, mais j'avoue ne pas avoir bien compris ou vous vous rendiez présentement. Je suppose toutefois que notre destination finale se trouve être la marelle de Corwin. Si cela ne vous dérange pas, je vous suivrai par la voie des airs, ce qui nous permettra de voir venir un éventuel danger sur notre chemin. Les ombres recèlent en effet ces derniers temps de plus en plus de créatures dangereuses même pour les êtres réels.

Il se tient maintenant debout sur sa monture, prêt à décoller, attendant pour la forme l'accord du chef de groupe.

Le visage au teint halé de Llewelyn se renfrogne très légèrement, et on pourrait même y voir un peu d'agacement.

" Vous pensez avoir suffisamment averti nos ennemis sur le but éventuel de notre mission, ou bien vous faîtes la conversation pour quelqu'un d'autre qui nous écoute en ce moment, grâce à un artefact quelconque ? "

Le ton devient mordant.

" A moins que votre monture que l'on aperçoit à dix lieues à la ronde ne leur servent de balise ! "

Voire cassant !

" Et pour votre gouverne nous nous rendons à Rebma, j'espère que votre oiseau sait nager... "

En parfaite symbiose avec l'esprit agité de son maître son épée vibre à ses côtés, et un étrange chant aux accents sinistres monte du fourreau de turquoise.

Les présentations étaient faites, le ton donné, Kernos sentait que cet invité allait leur causer problème. Ne préférant pas répondre à la petite plaisanterie de Judith sur le passe-temps favori de son père, non pas par dédain, mais un peu par gêne, il se concentra sur le nouveau venu. La réaction de Llewelyn le déconcerta quelque peu, lui qui était plutôt calme habituellement semblait particulièrement agacé par cet intrus.

*La discussion ne devait pas être des plus amicales*

Cependant, et quelque part avec regret, il constata qu'il était d'accord avec la colère de Llewelyn, ils avait quitté Ambre pour une mission discrète et voilà qu'un m'as-tu-vu de première venait les rejoindre. Mais ce qui le déconcerta le plus, ce fut que son oncle semblait vouloir l'intégrer au voyage. Il s'apprêtait à manifester son désaccord quand une chose le retint.

Et voici Sowen, le fils de Julian et l'apprenti de Bleys !

*Voilà pourquoi il ne me revenait pas, son attitude, sa suffisance... mon père tout craché... il l'a bien modelé en apparence mais question talent... le maître semble plus subtil dans son approche...*

Sans ranger ses armes, il écouta les commentaires du prince rebman, approuvant du chef les critiques cinglantes qu'il adressait à leur parent.

J'espère que Bleys vous a appris autre chose que la folie des grandeurs et l'art du babillage galant, car nous avons besoin d'une personne fiable qui sache faire usage de sa lame aussi bien que de son cerveau...
Et toi tu sembles aussi arrogant et impétueux que lui, ajouta-t-il à mi-voix.

Il se tourna vers Llewelyn.

Mon oncle, il semble que vous connaissez mieux cet individu que nous, de plus, vous êtes le guide de cette expédition... je vous laisse donc juger de la situation, je me rangerez à votre avis.

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Avec un petit sourire amusé accroché aux lèvres, sans excès toutefois pour ne pas froisser outremesure son oncle :

- Quelle triste paranoïa typiquement Ambrienne...

Son regard cherche celui du prince rebman, et en maître psychique Llewelyn devine ce que Sowen cherche. Ce n'est pas un duel, non, mais un lien bref et limité qui permettra à son oncle d'être sur de la véracité de son propos suivant.

- Je suis tout autant que vous ici en premier lieu pour la sauvegarde d'Ambre. Mon épée et mon esprit n'auront que cette seule mission primordiale jusqu'à la défaite de notre ennemi commun, le seigneur dément du Chaos Jurt.

Son visage qui était devenu grave un court instant, reprend son habituel gaieté et avec le même plaisir qu'un enfant qu'on emmène pour la première fois dans un parc d'attraction, il s'élève dans les cieux.

- En route pour Rebma...

Semaëll regarde avec étonnement le départ de Sowen, puis se tourne vers ses deux compagnons.

"Il est toujours aussi guilleret, où bien c'est uniquement lorsqu'il prend part à une mission terriblement dangereuse ?"
demande t-elle avec un franc sourire.

"En tous les cas, nous ferions aussi bien d'en prendre notre parti, et de l'imiter. J'ai cru comprendre que nous n'avions pas beaucoup de temps à perdre."

*Je pressens que ce type là n'a rien du gosse insouciant et débonnaire pour lequel il voudrait se faire passer à nos yeux... En tous les cas, Kernos et Llewelyn n'ont vraiment pas l'air de le porter dans leur coeur, si je me base sur la joute verbale qui vient d'avoir lieu.*

Elle poussa un soupir.

*Et bien, décidement, à Ambre rien n'est simple... Voilà un voyage qui s'annonce pour le moins tendu.*

Une fois hors de portée d'oreille de Sowen, il se tourne vers le groupe, avec un air un peu désolé pour Kernos.

" C'est l'espion de Bleys !

On garde un oeil sur lui, il faudra sans doute faire avec jusqu'à Rebma, cependant son phénix risque d'attirer l'attention, et il n'a pas l'air de le comprendre... "

A voir le regard du prince rebman, il se peut qu'une séparation soit à envisager dans les plus brefs délais.

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Sowen reste au dessus d'eux et suit leur déplacement. Ayant réussi son opération qui visait à légèrement énerver ses compagnons, notamment Llewelyn, il décide de redevenir un peu plus sérieux, gardant ses autres facéties de prévues pour la suite des évènements. Il n'est dans les airs que depuis une ou deux minutes quand sa monture et lui disparaissent purement et simplement grâce à un sortilège d'invisibilité. Sa présence est toutefois encore palpable pour un esprit aiguisé. Tant que rien d'anormal ne se passe, il se contente d'être attentif et suit le groupe qui évolue au sol jusqu'à Rebma, tout en gardant le silence.

A la vue de l'oiseau et de son maître disparaissant soudainement, Semaëll pousse un "oh !" d'étonnement amusé.

"Il est en effet bien moins insouciant qu'il n'en a l'air." constate t-elle à mi voix.

Son attention se détache du nouveau venu et elle semble retomber dans sa rêverie contemplative du paysage, reprenant en sifflotant la chanson qu'elle avait du abandonner quelques minutes auparavant.

Cette décontration n'est toutefois qu'apparente.
Semaëll demeure sur ses gardes, à l'affut du moindre détail suspect.

Il observe la disparition de l'oiseau de feu avec une certaine satisfaction, mais son visage reste sombre.

Hum ! Poursuivons !

Sowen l'espion de Bleys? Non pas que l'idée que son père puisse avoir des espions le surprenne, mais plutôt l'hypothèse que celui-ci décide d'employer un mouchard dans leur groupe le gêna quelque peu. Leur destination devait avoir une importance encore plus grande qu'il le soupçonnait si Bleys décidait d'envoyer l'un de ses pions sur place...

Il n'agissait que très rarement à la légère, c'est ce que Kernos avait toujours admirait mais aussi craint, comment comprendre quelqu'un qui essaye toujours d'avoir dix coups d'avance sur vous, et n'hésite pas à employer tous les moyens pour arriver à ses fins, quitte à vous manipuler.

Voyant la petite troupe reprendre son voyage, l'emplumé se permettant même la fantaisie de disparaître dans les cieux, il éperonna sa monture pour reprendre sa position en fin de colonne.

*Cet homme est dangereux, et il a plus d'un tour dans son sac, sinon Père ne l'aurait pas choisi pour le coller dans les pattes de Llewelyn... Méfiance... Mieux vaut garder un oeil sur lui...*

Il rengaina ses armes mais s'assura de les avoir à porter de main pour parer à toute éventualité. En tout cas, son oncle semblait bien contrarié par cette petite surprise... et ce n'était pas entièrement pour lui déplaire.

Le prince rebman n'a pourtant pas dit son dernier mot.

Conduisant sa monture avec adresse, évitant tout obstacle se présentant à lui, Llewelyn fait imperceptiblement forcer l'allure du groupe, il y a deux jours de marche pour atteindre Rebma depuis le chateau d'Ambre, donc normalement bien moins d'une journée de cheval.

Et ce ne sont pas ses fréquents regards en direction du ciel nuageux qui vous ralentissent, ni les quelques arrêts pour scruter les flots des mers du Sud de sa vue perçante, mais l'impression de ne pas pouvoir avancer ou que quelqu'un freine votre progression ne fait que croître dans vos esprits.

La nuit tombant, Llewelyn fait arrêter la troupe et se prépare au bivouac sur la plage.

" Inutile de continuer pour le moment, nous allons camper ici ! "